Elle se demandait si elle avait la poisse, depuis quelque temps, tout ce qui pouvait arriver de mal à 1 000 km à la ronde lui revenait à la figure. Elle se sentait comme un aimant à malchance. Le jour déclinait presque, quand elle arriva en vue de son immeuble. Un vase tomba d’une fenêtre la manquant d’un cheveu.

 

***Mais ZUT à la fin !!! ***

 

 

S’en était trop pour elle, après cette journée pourrie, elle avait vraiment besoin de décompresser. Elle entra en trombe dans le hall, manquant de renverser un jeune homme qui se tenait debout dans l’entrée :

 

- Excusez-moi ! Je suis désolée, je ne vous ai pas fait mal ?

- Non, ça va, dit-il avec un sourire

 

Elle le regarda et tout d’un coup, elle eut l’impression de l’avoir déjà vu quelque part.

 

- On se connaît ? demanda-t-elle.

- Je ne crois pas, répondit-il avant de détourner le regard.

- Ah bon… ? J’avais l’impression…

 

 

Il lui fit un sourire comme s’il avait en face de lui un enfant un peu impertinent. Elle sentit monter l’irritation, mais elle se raisonna.

 

- Vous venez voir quelqu’un ?

- …

- Okeyyyy… Bonne fin de journée.

 

Elle avait déjà posé le pied sur la première marche des escaliers, quand il reprit la parole :

 

- Je viens d’emménager, j’ai loué l’appartement libre du 4ème.

- Ah, je ne savais pas qu’il avait été loué. Nous serons voisins de palier alors.

- Il semblerait, hmmm...

- Aelys, mais mes amis m’appellent Lily, dit-elle en lui tendant la main.

- En entendant le prénom de la jeune femme, Samiel se figea.

 

**** Aelys…  Pourquoi ai-je l’impression d’avoir déjà entendu ce prénom ? ****

 

 

 

Réalisant que la main de la jeune fille restait tendue dans le vide, il la serra. À son contact, il ressentit une chaleur familière qu’il ne comprit pas. Sans rien laisser paraître, il répondit :

 

- Samiel.

- Enchantée Samuel.

- Non, pas Samuel, Samiel avec un « i ».

- Ah ? Ce n’est pas très courant comme prénom.

- Il paraît. Je pourrais en dire de même du votre.

- C’est vrai, vous marquez un point, dit-elle en riant.

- Je vous souhaite une bonne soirée Aelys.

 

Avant qu’elle ne rajoute quoi que ce soit de plus, Samiel monta rapidement les escaliers avant de s’arrêter devant la porte de « son appartement ». Il savait que cet appartement était vide depuis un bon moment, et quelques jours plus tôt, il avait usé de ses pouvoirs pour convaincre le concierge qu’il était le nouveau locataire.

 

 

À l’intérieur, le logement était sombre et humide. Les toiles d’araignée s’étaient amoncelées dans tous les coins et une souris détala en sentant sa présence. Il referma la porte sur lui avant de disparaître.

 

(…)

 

- Quel drôle de type, pensa Aelys, tandis qu’elle regardait son nouveau voisin qui gravissait l’escalier.

 

Elle regarda sa main et se remémora la chaleur qu’elle avait ressentie quand il la lui avait serrée. Cette chaleur… c’était comme si…

 

**** Non, c’est impossible, je me fais des idées.****

 

Secouant la tête, elle prit la même direction que le jeune homme quelques minutes plus tôt. Elle fut surprise de ne rien entendre en passant devant sa porte. Haussant les épaules, elle continua son chemin jusqu’au bout du couloir où se trouvait son appartement.

 

Poussant la porte, elle pénétra dans son cocon, son rempart contre le monde extérieur. Contrairement au reste de l’immeuble, son appartement était coquet et douillet. Il était bien trop grand pour elle, mais elle l’avait aménagé de telle sorte qu’elle s’y sentait bien et en sécurité.

 

Assise sur l’ottomane près de l’entrée, elle se déchaussa de ses bottines et enfila une paire de chaussons moelleux avant de se diriger vers la salle de bain. Là, elle fit glisser ses vêtements sur le sol, et face au miroir, examina l’ecchymose qui commençait à se former au niveau de ses côtes.

 

**** Il n’y est vraiment pas allé de main morte cet abruti ! ****

 

 

Elle toucha délicatement le bleu et grimaça de douleur. Puis elle examina ses genoux écorchés après sa chute. Décidément, de bout en bout, cette journée avait été merdique. Aelys, fit couler l’eau de la baignoire, un bon bain l’aiderait à se détendre. Elle y ajouta des sels de bain aux agrumes, ses préférés.

 

Elle entra délicatement dans l’eau chaude et soupira d’aise. Elle n’aspirait qu’à laisser les soucis glisser sur sa peau et se dissoudre dans l’eau. Après une trentaine de minutes, elle se senti tellement bien, qu’elle commença à s’assoupir. Une langueur étrange la saisie et doucement, elle commença à glisser vers le fond de la baignoire.

 

 

 

**** Non mais sérieusement, c’est une blague ??? Voilà qu’elle va se noyer maintenant ***

 

Samiel fit sciemment tomber un tube de rouge à lèvre qui reposait sur une étagère. Le bruit que fit l’objet en rencontrant le sol, réveilla la jeune femme en sursaut. Hébétée, elle en chercha la provenance et remarqua le tube de rouge à lèvres sur le sol :

 

- Mais comment tu as atterri là toi ? s’interrogea-t-elle.

 

 

Quand elle se leva pour sortir de la baignoire, Samiel détourna le regard. Enroulant une serviette autour de son corps nu, elle ramassa l’objet et le regarda d’un air circonspect.

 

****Bizarre****

 

 

 

Elle le reposa à sa place et s’appliqua à essuyer les gouttes accrochées à sa peau. Puis elle enfila un vêtement confortable et se posa dans son canapé pour regarder les programmes du soir.

 

Pensif, Samiel resta debout dans la salle de bain. Invisible. Ce n’était pas dans ses habitudes d’étendre sa protection jusque dans la salle de bain de ses protégés, il respectait toujours leur intimité, mais alors qu’il était à des milliers de kilomètres de là, des signaux d’alerte s’étaient allumés en lui, lui indiquant un danger imminent. Il y avait un problème, ce n’était pas normal que cette fille ait autant de poisse. Outre tous les mystères dont Ils l’avaient entourée, il y avait quelque chose qu’Ils ne lui avaient pas dit à son sujet. Il devait en avoir le cœur net et retourner dans l’Heaven.

 

Il apparut dans une grande plaine fleurie baignée de soleil. Cet endroit apparaissait sous différentes formes en fonction de qui y venait. Pour les uns, cela pouvait être une plage de sable fin, et pour les autres, un paysage montagneux, tout cela en fonction de la sensibilité de chacun, mais toujours en pleine nature. Il n’y avait rien de pire pour Raphaël que d’être dans un espace clos. Malgré son statut dans l’Heaven, il n’était pas un bureaucrate, si pour une raison ou pour une autre, il devait donner audience à l’un de ses subordonnés, il choisissait toujours ce lieu qui en fait n’en était même pas un.

 

 

Tellement de choses échappaient à Samiel, forcément, il n’était pas dans le saint des saints donc il ne pouvait pas comprendre.

 

- Il semble que tu te poses beaucoup de questions, Samiel.

 

Raphaël était apparu, assis dans un bouquet de fleur. Il respirait avec délice le parfum qu’elles exhalaient. Il reprit la parole :

 

- J’apprécie énormément nos entrevues, tu matérialises toujours des endroits magnifiques, dit-il en faisant un geste éloquent en direction du paysage. Que puis-je pour toi ?

- Qui est cette fille ? demanda Samiel sans préambule.

 

Raphaël rit de ce manque d’inhibition et croisa ses doigts :

 

- Je ne peux malheureusement pas te le révéler.

- Qu’est-ce qui se passe avec elle ? Elle semble devoir faire face à une sorte de malchance exacerbée, de ce que j’ai pu observer depuis ces quelques jours où je suis affecté à sa protection. Et d’ailleurs, il ne me semble pas qu’elle ait eu besoin d’une protection aussi élevée avant. Que s’est-il passé dans sa vie pour que vous m’affectiez tout à coup à sa protection totale et exclusive. Et pourquoi moi ? Il y a d’autres protecteurs beaucoup plus expérimentés qui auraient pu s’en occuper.

- Tu poses beaucoup trop de questions. Samandriel te l’a dit, elle a une destinée…

- Exceptionnelle, oui je le sais. Mais qu’est-ce qui la rend aussi spéciale ?

- Je ne peux pas te le révéler. Il faut que tu comprennes la lourde responsabilité qui t’incombes. C’est pour cela que nous t’avons exceptionnellement donné l’autorisation d’utiliser une enveloppe charnelle pour mener à bien ta mission. Tu ne dois pas la perdre de vue et faire ce pour quoi nous t’avons envoyé auprès d’elle.

- Mais ne serait-il pas plus judicieux que je sache ce qui la menace ? Et pourquoi la malchance lui cours après ?

- Samiel…

 

La voix de Raphaël était devenue menaçante, puis se radoucit immédiatement :

 

- Il vaut mieux que tu cesses. Je pense faire preuve de mansuétude car tu sais que je t’apprécie beaucoup, mais n’en abuse pas s’il te plait. Un jour viendra où tu comprendras tout, dit-il avec un sourire indulgent.

 

Samiel ne répondit pas, il savait qu’il valait mieux pour lui ne pas contrarier Raphaël.

 

- Tu peux prendre congé, j’aimerais encore profiter de cet endroit merveilleux que tu as généré avant qu’il ne se délite, dit-il en s’allongeant dans les fleurs.

 

 

 

Une nanoseconde plus tard, Samiel était de nouveau dans l’appartement d’Aelys. Son absence n’avait duré qu’une minute, mais sur Terre, il était déjà tard et il vit qu’elle s’était endormie sur le canapé.

 

 

 

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