• Bien sûr, Samiel ne s’éloigna pas, il réintégra l’appartement de la jeune femme, en restant invisible. Il l’observa vaquer à ses occupations jusqu’au moment où elle remonta les draps sur elle et s’endormit. Il s’assit dans un petit fauteuil non loin du lit et attendit patiemment son réveil.

     

     

     

    Vers 3 heures du matin, il vit que son sommeil était agité, il comprit qu’elle faisait un cauchemar et s’approcha d’elle. Il posa légèrement son index sur la tempe d’Aelys et pu observer son rêve de l’intérieur. Elle courrait dans un long couloir sombre et était poursuivie par un homme masqué qui se rapprochait d’elle rapidement. Il était tout proche de l’attraper, et il sentait que dans son sommeil, Aelys se crispait de plus en plus et que l’angoisse menaçait de la submerger.

     

    Samiel décida alors que ça suffisait en termes d’émotions fortes, et dissout le mauvais rêve d’un geste désinvolte de la main. Il s’apprêtait à revenir dans le monde réel quand un autre rêve se profila immédiatement. Evidemment, il avait oublié qu’il ne pouvait pas dissoudre un rêve sans qu’un autre prenne tout de suite le relais. Il attendit de voir si celui-ci était plus plaisant, mais cette fois, il se rendit compte qu’il ne s’agissait pas d’un rêve comme les autres.

     

    C’était une manifestation du subconscient d’Aelys qui faisait remonter… un souvenir profondément enfoui depuis des années. Samiel regarda la scène, Aelys devait avoir 16 ou 17 ans et discutait en voiture avec un jeune garçon, très beau. Ce dernier, qui venait de fêter ses 19 ans, conduisait le véhicule. Ils riaient ensemble et semblaient très épris l’un de l’autre, toutes les occasions étaient bonnes pour qu’ils se touchent. Samiel sourit devant l’insouciance des deux amoureux.

     

     

    Et puis tout d’un coup, la scène devint plus sombre, car sans raison apparente, la voiture quitta la route et tomba au fond d’un ravin. Le corps sans vie du jeune homme, s’imprima dans le cerveau d’Aelys avant que les ténèbres ne l’envahissent. Samiel en resta paralysé comme choqué par ce qu’il venait de voir. Il s’expulsa violemment du rêve de la jeune femme, et au même moment, elle se réveilla, en larme et haletante.

     

    - Non… Non… Non !!!! Ethan !!! Ethan, pourquoi…

     

     

     

    Elle était complètement effondrée maintenant. Sa poitrine se soulevait au rythme effréné de ses sanglots :

     

    - Tu me manques tellement, pourquoi tu es parti ??? Pourquoi, tu m’as abandonnée ??? J’ai tellement besoin de toi… tellement… reviens-moi, s’il te plaît…

     

    Cette litanie de désespoir et les vibrations qui en émanaient transpercèrent Samiel, il sentait qu’elles résonnaient en lui. Comme si elles s’adressaient à lui. Comme si elles lui étaient directement destinées. Il se senti si perdu et affaibli qu’il s’écroula.

     

    **** Mais qu’est-ce qui m’arrive ? ****

     

     

    - Éloigne-toi Samiel…

    - Samandriel ?

    - Viens avec moi, tout de suite !

     

    L’instant d’après ils se retrouvèrent quelque part sur une île déserte de l’océan pacifique, les eaux déchaînées se fracassaient sur les rochers d’une falaise avec un bruit assourdissant.

     

    - Mais… qu’est-ce qui s’est passé Samandriel ? Pourquoi me suis-je senti tout à coup aussi faible…

    - Ceci n’était pas censé se produire. Je ne sais pas… il y a longtemps que je n’avais assisté à un tel phénomène…

     

    Samandriel semblait troublé, et ne le regardait pas.

     

    - De quoi parles-tu ?

    - Je ne peux rien te dire Samiel, répondit-il patiemment en se massant les tempes.

     

    Il semblait éprouver une vive migraine, ce qui était impossible, les anges n’avaient pas de migraine, et il ne pouvait pas non plus être malades. Samiel commençait à s’énerver, encore une chose qui échappait à ses congénères qui eux ne s’énervaient pour ainsi dire jamais.

     

    - Mais vous allez arrêter de me prendre pour un idiot à la fin ???? Qu’est-ce qui se passe avec cette fille ???

     

    Samandriel soupira bruyamment :

     

    - Je vais seulement te demander de ne pas rester à proximité d’elle si jamais elle devait de nouveau être dans cet état. Ceci n’aurait pas dû se produire, elle avait enfoui ce traumatisme profondément et n’y avait plus repensé depuis des années. Je ne comprends pas ce qui a pu se passer, c’est extrêmement bizarre.

    - J’ai dissous un mauvais rêve qu’elle faisait. Est-ce que ça peut être la cause ?

    - Peut-être, mais normalement nous pouvons agir sur les rêves humains sans que cela porte à conséquence… J’en parlerais à Raphaël, même si je me doute qu’il soit déjà au courant de cet incident.

     

    Levant les yeux sur Samiel, il lui demanda, l’air inquiet :

     

    - Est-ce que tu te sens mieux ?

    - Oui je crois…

    - Hmm… transfert d’énergie…

    - Ce n’est pas nécessaire Samandriel.

    - Transfert… d’énergie, Samiel ! Ne discute pas !

     

    Les deux anges se firent face et levèrent leurs mains, paume contre paume. Samandriel transféra un peu de son flux angélique à Samiel.

     

     

    - Je pense que ça devrait aller, dit Samandriel après plusieurs minutes. N’oublie pas, si cela venait à se reproduire, éloigne-toi d’elle le plus rapidement possible, d’accord ? Si tu ne le fais pas, les conséquences pour toi peuvent être terribles.

     

    Il ferma les yeux et leva la tête comme s’il humait l’air environnant, avant de reprendre la parole :

     

    - Tu peux retourner auprès d’elle. Elle s’est calmée.

     

    Avant qu’il ne puisse lui répondre, Samandriel avait disparu, laissant Samiel seul.

     

    L’espace d’un instant, ce dernier eut envie de retourner dans l’Heaven avec perte et fracas, sommer Raphaël de lui fournir les explications qu’il réclamait. Mais une telle attitude serait suicidaire. Même s’il l’aimait beaucoup, Raphaël n’hésiterait pas une seule seconde à expulser un ange récalcitrant vers le Purgatoire, et même pire, il pourrait se voir bannir dans la Géhenne jusqu’à la fin des temps.

     

    Ces sentiments… c’était la première fois qu’il les ressentait depuis… sa vie humaine. Il les reconnut, la colère et la frustration. S’il ne se contrôlait pas mieux, ça risquait de mal se finir. Il regarda la mer houleuse et se sentit désemparé, tout ange qu’il était, il ne savait quoi faire.

     

    De guerre lasse, il décida de retourner auprès d’Aelys.

     

    Elle s’était finalement rendormie. Les traces de larmes étaient visibles sur ses joues et une goutte perlait encore sur ses cils.

     

    Il inspecta son visage pour s’assurer que son sommeil n’était pas troublé. Il subsistait des restes de son cauchemar qu’il fit disparaître d’un revers de main, il refoula également le souvenir au fond de son inconscient avant de lui-même se volatiliser. Il reviendrait à son réveil.

     

    (…)

     

    La nuit avait été agitée, mais Aelys se sentait tout de même fraîche et reposée. Elle ne se rappelait pas de sa crise de larmes, mais une douleur au fond de son cœur persistait. Elle se sentit triste sans en comprendre la raison.

     

    Chassant ces sentiments négatifs, elle se leva et alla se rafraîchir le visage. Il faisait beau dehors, et les oiseaux gazouillaient à tue-tête profitant encore de la douceur de l’été indien. Comme le week-end avait commencé, Aelys décida d’aller prendre son petit-déjeuner dans son café préféré.

     

    **** Tiens, je vais voir si Sam a envie d’un petit-déjeuner. Je vais l’inviter pour le remercier de son intervention d’hier soir. ****

     

    Elle prit une douche rapide, étrangement sur son corps ne subsistait plus une seule trace de ses blessures de la veille, mais elle n’y prêta pas attention. Elle enfila une petite robe légère, avant d’aller frapper chez son voisin. Samiel lui ouvrit en feignant la surprise :

     

    - Aelys ? Tout va bien ? demanda-t-il en jetant un coup d’œil dans le couloir.

     

     

     

    Cette dernière resta sans voix en voyant le torse nu et musclé de Samiel, qui ne portait en tout et pour tout qu’un bas de pyjama blanc.

     

    ****Mince alors, ce mec, c’est une bombe !!!!****

     

    Samiel rit doucement, car il avait parfaitement entendu sa pensée. Elle reprit rapidement contenance :

     

    - Oui, oui, ne t’inquiète pas, ça va. Je viens juste te demander si tu serais partant pour petit-déjeuner avec moi ? Ce n’est pas grand-chose, mais j’aimerais bien t’inviter pour te remercier de ce que tu as fait pour moi hier soir.

    - Ce n’est pas nécessaire, tu sais. Tu n’as pas besoin de me remercier.

    - Si, si, j’insiste. Et je t’interdis de dire non, dit-elle avec un sourire malicieux.

     

    Samiel la sonda rapidement. Tout allait bien pour elle, hormis cette aura de tristesse autour de son cœur. Et elle avait vraiment envie de sa compagnie. Il lui sourit avec bienveillance :

     

    - D’accord, mais c’est moi qui t’invite.

    - Il n’en est pas question, et arrête de me contredire ! Allez go, on y va.

    - Laisse-moi juste quelques minutes, le temps que je me change, je ne peux pas t’accompagner en pyjama quand même.

    - Ok, je t’attends ici.

    - Viens, entre, et attends-moi au salon. Ce sera toujours plus agréable que ce couloir froid et lugubre.

     

    Quand il se retourna, elle admira le magnifique tatouage qu’il portait dans le dos et qui représentait une immense paire d’ailes d’ange. Celles-ci descendaient jusque sous le pantalon du pyjama et émoustillée, Aelys se demanda où elles s’arrêtaient exactement. Elle n’était jamais entrée dans cet appartement et jeta un coup d’œil autour d’elle agréablement surprise. Bien qu’il fût beaucoup plus petit que le sien, l’intérieur était sobre et élégant, tout était dans les tons de blanc ou de beige.

     

    - Wouaw !!! Je suis soufflée !!! dit-elle en se tournant vers lui. Quel contraste ! Mais quand as-tu eu le temps de faire des travaux dans cet appart’ ? Je n’ai jamais rien entendu comme bruit ou quoi que ce soit.

    - Je suis quelqu’un de très discret, répondit-il simplement. Attends-moi juste ici. Et il désigna un grand canapé blanc dans un coin de la pièce.

     

    Samiel n’avait évidemment jamais fait de travaux dans le logement. Il avait simplement fait apparaître tout ce qui s’y trouvait, à la seconde où elle avait posé le pied à l’intérieur. De plus, si cela devait devenir son refuge le temps de sa mission, autant qu’il y soit confortablement installé. La couleur choisie n’était bien sûr pas anodine, elle lui rappelait la pureté de l’Heaven. Bien qu’aucun blanc terrestre n’arriverait jamais à égaler le blanc lumineux qui régnait chez-lui.

     

    Samiel se changea et rejoignit Aelys, sagement assise sur le canapé. En le voyant, elle haussa un sourcil :

     

    - Tu as fait drôlement vite dis-donc !

    - Je ne pouvais pas faire attendre une charmante demoiselle comme toi, voyons. On y va ?

     

    Il lui offrit son bras, et ils sortirent ensemble de l’appartement.

     

     

     

     

    **********************

     

     

     

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