-     - QU’AVEZ-VOUS FAIT MERE !!!!! VOUS AVEZ ANEANTIT MA SEULE CHANCE DE REGNER SUR L’ENFER !!!!

 

 

Ivre de rage, Alastair s’était retourné contre sa mère qui, bien qu’elle fût vexée de cette accusation, affichait un calme olympien :

 

-     - Allons mon fils, tu ne vas pas me tenir pour responsable de cet échec, n’est-ce pas ? Tu ne peux t’en prendre qu’à toi. Un prince médiocre, un fils médiocre, et apparemment également un amant médiocre, incapable de garder sa propre femme dans son lit.  Très sincèrement, je doutais vraiment que tu y arrives… Et visiblement, j’avais raison… tu es pathétique !

 

 

La rage le submergeant, Alastair se jeta sur sa mère, les mains en avant dans l’intention de l’agripper par la gorge, mais elle fût plus rapide que lui et se volatilisa.

 

 

 

 

Il fallait bien qu’il passe sa rage sur quelqu’un et ce fût Olster et l’homme de main qui en firent les frais. Il se jeta sur eux telle une bête enragée et quand il en eut fini, il ne restait plus qu’une masse ensanglantée de chair et d’os.

Il se tourna alors vers l’ange qui était resté prostré sur le sol, le visage enfouit dans les cheveux d’Aelys :

-     -  Je ne suis pas le seul à avoir échoué ce soir, dit-il avec un rire de mépris.

 

 

Samiel leva la tête et dans son regard doré, Alastair lu toute la haine qu’il éprouvait à cet instant. Lui-même n’était pas en reste, car à cause de cet angelot de pacotille, il n’avait pas réussi à se faire aimer de l’enfant de lumière. Il avait bandé tous ses muscles, se préparant à se jeter sur Samiel quand une lumière éblouissante s’interposa entre eux.

 

 

Un halo si intense que Samiel fût obligé de fermer les yeux un instant.

 

 

 

Quand il les rouvrit, il ne restait du prince des enfers qu’un petit tas de cendres.

 

 

 

Hébété, Samiel resta longuement immobile attendant d’être foudroyé à son tour, mais rien ne se passa. Le soleil commençait sa lente ascension, colorant le ciel de couleurs chatoyantes, mais l’ange restait indifférent à la beauté de la nature qui s’éveillait.

 

 

 Il contemplait le corps inerte d’Aelys, espérant un miracle qui ne vint jamais…

 

 

(…)

 

Les funérailles d’Aelys eurent lieu un matin à la fin de l’hiver. Le vent glacial faisait frissonner les personnes réunies autour de la tombe.

 

 

 Tout le monde artistique s’était réuni pour pleurer le décès de cette artiste exceptionnelle qui laissait derrière elle une œuvre inestimable. Les journaux avaient fait leurs choux gras pendant des semaines, car sa mort restait un mystère aux yeux du commun des mortels. La police avait ouvert une enquête, mais n’avait aucune piste. D’autant que le principal suspect Alastair DANTE restait introuvable et le manoir était totalement désert.

 

A l’écart, Samiel contemplait l’assemblée d’un air abattu. Les jours qui avaient suivi le décès de la jeune femme, il avait tenté de savoir si elle avait rejoint l’Heaven des âmes bienheureuses ou si elle avait été recyclée. Mais personne ne voulait lui dire ce qu’il était advenu d’elle. Quant à Raphaël, ce dernier l’évitait et ne lui avait pas adressé la parole depuis cette soirée fatidique.

 

 

 

Il jeta un dernier regard au cercueil blanc et l’instant d’après il se retrouva dans la forêt où Aelys et lui avait fait l’amour pour la seule et unique fois. A quoi bon continuer ? Il n’avait plus aucun but. La solution s’imposa à lui aussi claire que du cristal, il se concentra l’espace d’un instant et dans son dos, son tatouage se mit à irradier.

 

 

La douleur était au-delà de tout ce qu’il aurait pût imaginer, mais il ne s’arrêta pas. Au bout d’un moment, il les sentit finalement disparaître, et la douleur s’apaisa. Voilà… il n’était plus un ange, pourtant, au lieu de se sentir soulagé, il se sentit terriblement seul, errant dans ce monde qui avait perdu ses couleurs et qui ne représenterait désormais pour lui qu’une prison.

Il regarda son reflet dans la rivière en contrebas, rien n’avait changé et pourtant, tout était différent maintenant.

 

 

-     -  Tu me surprendras toujours, mon cher Samiel…

Ce dernier sursauta. Raphaël se tenait devant lui, et comme à son habitude, il affichait un air bienveillant en le contemplant.

-      - Que voulez-vous ? dit Samiel d’un ton agressif.  Vous n’en avez donc pas fait assez ???

Raphaël leva la main en signe d’apaisement :

-     -  Tu as toutes les raisons du monde d’être en colère et de m’en vouloir.

-      -  Vous croyez ? Vous m’avez ignoré pendant des jours et maintenant que…,

Il s’interrompit, ferma les yeux et prit une grande inspiration :

-     - Maintenant que je renonce, vous voilà… Comme par hasard !

-    - Ce que tu viens de faire… m’impressionne. C’est ce geste que j’espérais que tu fasses.

-     -  (…)

-    -  C’est un grand sacrifice que tu as fait là. Une belle preuve d’amour et d’abnégation. Renoncer à tes ailes et à l’éternité dans l’Heaven… Aucun ange n’avait fait cela auparavant.

-      -  (…)

-     -  Bien sûr, ça ne t’enlève pas ton immortalité et j’en connais un qui te laisserait volontiers errer sur Terre jusqu’à la fin des temps… surtout après ce qui s’est passé. Il faut que tu saches que nous avons vécu la mort d’Aelys comme l’échec ultime et la preuve que nous n’étions pas les êtres parfaits que nous pensions. Cela nous a permis d’apprendre de nos erreurs. Elle était la pureté et l’amour absolu et ce qu’elle t’a offert de son vivant est inestimable. Grâce à elle, l’Equilibre sera maintenu en l’état pour quelques siècles.

 

Samiel le fixait, impassible, attendant la suite.

-      -  Samiel… je sais que pour toi la mort d’Aelys est une tragédie… mais il ne faut pas que tu voies cela comme une fin, mais plutôt comme un commencement…

-    - Que voulez-vous dire ?

 

Raphaël posa sa main sur l’épaule de Samiel et l’instant d’après ils se retrouvèrent – invisibles – devant la vitre d’une nurserie dans une maternité.

 

 

Une jeune infirmière était penchée sur un berceau dans lequel dormait paisiblement un nouveau-né que Samiel reconnu instantanément. Il se tourna vers Raphaël :

-       -  Mais… c’est … c’est … ?!?!?

-    -  Oui… Nous l’avons renvoyée sur terre. En tant qu’être humain cette fois. Sans pouvoirs et sans qu’aucune menace ne plane sur elle.   

 

 

Bien qu’il ait du mal à s’en détacher, le regard doré de Samiel glissa du berceau vers l’archange :

-          - Qu’est-ce que ça veut dire ?

-         - Que tu as le choix… Nous te donnons le choix. Revenir sur Terre et tout recommencer, dit doucement Raphaël avec un geste de la main vers le bébé, ou alors… récupérer tes ailes et intégrer le plus haut rang des factions angéliques. Une promotion en quelque sorte. Mais soit bien conscient que quelle que soit ta décision, elle sera définitive.

 

 

Samiel s’éloigna de la vitre en proie à une profonde réflexion :

-       -   Raphaël… j’aimerais savoir une chose. Ce soir-là, pourquoi… ?

-       -   Pourquoi n’as-tu pas été détruit comme Alastair ? devina Raphaël

-       -   (…)

-     -  Disons simplement que tu as bénéficié de la protection d’une personne très très haut placée qui a énormément d’affection pour toi.

 

 

Samiel assimila longuement ces informations avant de reprendre la parole :

-        -  Et si je décidais de recommencer… est-ce que je me souviendrais d’elle ?

-        -  Non… tu seras de nouveau recyclé et tu n’auras plus aucun souvenir de cette vie, ni de la précédente.

-       -   Mais alors… comment ..?

-       -   Comment la retrouveras-tu ? devina encore une fois l’Archange avec un sourire.

-        -  Oui…

-        -  Aie confiance.

 

Samiel reporta son attention sur le nourrisson qui dormait toujours paisiblement, et son regard s’attarda sur l’étiquette du minuscule bracelet rose qui ornait son poignet.

 

 

** Lily ADAMS**

 

 

(…) 

 

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