•   

     

    - Je ne comprends pas pourquoi tu t’es entiché de ce subordonné !!! Il est tellement imparfait !!! Tu as vu ce qui vient de se passer ??? On devrait le renvoyer dans la Gouve, ou mieux le précipiter dans la Géhenne. Il ne va nous attirer que des ennuis !

     

    Michaël, faisait les cents pas dans l’Eden en vociférant. Ses deux frères le regardaient faire, l’un lévitait en position du lotus, l’autre était assis sur l’un des trois trônes disposé là.

     

    - Ce sont justement ses imperfections qui font de lui un être parfait, répondit tranquillement Raphaël.

    - Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre. J’ai perçu qu’il ressentait encore des émotions humaines. On a vu qu’il avait encore des souvenir de sa vie passée qui refaisaient surface. C’est parfaitement intolérable pour ceux de notre condition. Je ne peux cautionner cette aberration.

    - Calme-toi, Michaël… murmura Gabriel de sa voix douce. 

    - JE SUIS PARFAITEMENT CALME !!! rugit-il.

     

    Raphaël se mit à rire : 

     

    - Regarde-toi mon frère, cela ne te rappelles-t-il donc personne ?

    - Quoi ??? Tu oses me comparer à ce… à ce…

    - Fais attention à ce que tu vas dire Michaël, ne te rends pas coupable de vanité.

    - Tu as raison… je devrais me calmer. 

     

     

    L’archange cessa de faire les cent pas et s’assit aux pieds de son frère Gabriel qui se mit à lui caresser les cheveux.

     

    - Que comptes-tu faire de lui ? dit-il en regardant Raphaël

    - Je ne comprends pas pourquoi tu t’inquiètes autant. Samiel a été envoyé sur Terre pour remplir sa mission et accomplir sa destinée. J’ai une confiance absolue en lui. Et toi, tu devrais avoir une confiance absolue en moi.

    - Je te fais confiance, mon frère. N’en doute jamais, répondit Michaël d’un ton boudeur.

    - Mais je n’en doute pas, dit Raphaël en souriant.

    Il se laissa gracieusement glisser au sol et vint se tenir devant ses deux frères. 

    - Venez, il est l’heure d’aller recevoir Sa Parole. Ne Le faisons pas attendre.

     

    Les trois archanges se volatilisèrent instantanément dans un ensemble harmonieux.

     

    (…)

     

    Le soleil radieux qui brillait ne laissait rien deviner du violent orage qui avait éclaté la veille. Aelys était aux anges et c’était le cas de le dire. Marchant côte à côte, ils profitaient ensemble de la douceur de l’automne qui commençait à peine. Ils formaient un couple saisissant, lui très grand et bâti comme une armoire à glace, et elle si menue, qu’elle semblait aussi fragile qu’une poupée de porcelaine. Elle bavardait avec animation et Samiel lui répondait amusé. Elle n’arrêtait pas de lui poser des questions et de s’agiter autour de lui.

     

     

    - Sam ? Dis-moi, quelle est ta couleur préférée ? 

    - Euuuh… je n’en sais rien, je suppose que je les aime toutes. Pourquoi me demandes-tu ça ?

    - Juste par pure curiosité ! La mienne, c’est le violet, j’aime cette couleur car elle symbolise tout ce qui est un peu mystérieux et spirituel. C’est une couleur que je trouve extrêmement apaisante.

    - J’imagine que c’est pour ça que pratiquement tout dans ton appartement est violet, dit Samiel en riant.

    Aelys lui tira la langue avant de se mettre à courir :

    - Le dernier arrivé au lac est une grosse bouse puante !!!

     

     

    Samiel leva les yeux au ciel et secoua la tête.

     

    *** Une vraie gamine***

     

    Elle avait presque atteint le bout du sentier quand il partit à sa poursuite. Il n’eut évidemment aucun mal à la rattraper. En le voyant tout proche, Aelys poussa un petit cri et tenta une feinte, mais elle rata sa manœuvre et trébucha sur un gros caillou. Elle atterrit la tête la première dans l’étang.

     

     

    -      -  Je suppose que tu es la gagnante et que moi, je ne suis qu’une grosse bouse puante, dit Samiel en souriant.

    -      - OH ! Ce n’est pas sympa de ta part, aide moi plutôt à sortir de là, maugréa Aelys.

     

    Sans se soucier de mouiller ses habits, Samiel entra dans le plan d’eau, souleva la jeune femme dans ses bras comme si elle ne pesait pas plus lourd qu’une plume et remonta sur la berge. Instinctivement, Aelys avait noué ses bras autour de son cou et quand leurs regards se rencontrèrent, le temps s’arrêta. 

     

     

    Samiel se sentit irrésistiblement attiré par la jeune femme. Une sensation inconnue s’était réveillée en lui. La chaleur qu’il avait déjà ressentie à son contact se manifesta de nouveau, mais il y avait autre chose, une autre sensation, qui n’était pas désagréable, mais à laquelle il n’arrivait pas à donner de nom. Leurs visages étaient tout proche, si proche qu’il pouvait respirer son parfum de mûre sauvage. Leurs nez se touchaient presque. Aelys plongea sa main dans les cheveux de l’ange. Et sans jamais le quitter du regard, elle mêla ses doigts à ses boucles soyeuses. Et puis finalement, leurs lèvres finirent par se trouver dans un baiser profond qui s’éternisa. 

     

     

    (…)

     

    La lumière d’un souvenir longtemps refoulé, s’alluma dans l’esprit d’Aelys, et elle gémit doucement.

     

    *** Oh mon dieu, Samiel… ***

     

     

    Comme ramené brusquement à la réalité, celui-ci se détacha d’Aelys et la reposa sur le sol :

     

    - Excuse-moi, je n’aurais pas dû faire ça, dit-il piteusement.

     

    Il recula d’un pas, afin de mettre de la distance entre eux. Il avait la sensation d’avoir franchi une limite et Ils risquaient de ne pas apprécier cela. 

     

    - Mais ce n’est pas grave Sam, c’est juste un baiser. 

    - Je sais bien que ce n’est qu’un baiser, mais j’ai l’impression d’avoir profité de la situation. Et je ne veux pas que tu te fasses de fausses idées à mon sujet.

    - Ne t’inquiète pas pour ça. Je ne risque pas de te voir comme un pervers juste à cause d’un petit baiser. En plus, si tu t’en rappelles bien, c’est moi qui t’ai embrassé la première. 

     

     

     

    Samiel ne répondit pas. Il était contrarié. De plus, il entendait clairement les pensées d’Aelys et ce qu’il entendait n’était pas pour le rassurer. Il ne pouvait pas, et il ne devait pas avoir de relation charnelle avec elle ! C’était contraire à toutes les règles célestes.

     

    -          Aelys, tu ne sais pas qui je suis, on ne se connaît que depuis quelques jours.

    -         -  Tu vas sans doute trouver ça bizarre Sam, mais moi, j’ai l’impression qu’on se connaît depuis toujours.

    -         -  Ce n’est pas raisonnable, je suis désolé. Je ne peux pas laisser les choses prendre ce tournant entre nous.

    -          - Et pourquoi pas ?

    -         -  Je te l’ai dit, on peut être amis, mais je ne peux pas t’en donner plus. Déjà à cause de mon travail qui est très risqué, de plus, je peux être amené à partir du jour au lendemain sans prévenir. Je ne veux pas que tu souffres à cause de moi.  Et puis tu sors tout juste d’une relation catastrophique, tu dois te donner du temps.

    -         - D’accord, tu as raison, dit-elle résignée, il vaut mieux qu’on garde une relation amicale… (…)  Je pense que je devrais rentrer chez moi.

     

    -          - Ecoute… ne m’en veux pas s’il te plaît… Ne t’en va pas. 

     

     

     

      

    Sans répondre, elle lui fit un pauvre sourire et tourna les talons. En la regardant s’éloigner, Samiel se senti comme s’il portait toute la misère du monde sur ses épaules. 

     

    (…)

     

    - JE SAVAIS QU’UNE CHOSE PAREILLE FINIRAIT PAR ARRIVER !!!!!! explosa Michaël, POURQUOI AVOIR LAISSE FAIRE ???? 

     

    Raphaël le regardait sans se départir de son calme :

     

    - Michaël, je ne vois pas pourquoi tu t’emportes de la sorte, il se débrouille très bien. 

    - AH ? PARCE QUE TU ESTIMES QUE TOUT SE PASSE A MERVEILLE ?

    - Parfaitement. Je me doutais que ceci risquait d’arriver, mais tu as vu tout comme moi, qu’il a repris le contrôle de la situation. 

    - Tu sais très bien que ça arrivera encore, intervint Gabriel. Ils s’attirent irrémédiablement, et ce, malgré toutes les précautions que nous avons prises pour…

    - C’ÉTAIT UNE MAUVAISE IDEE DE LE CHOISIR LUI ET PAS UN AUTRE, l’interrompit Michaël, JE VAIS DE CE PAS LE RELEVER DE SES FONCTIONS ET AFFECTER ÉZEKIEL A SA PLACE !!!!

     

    - Tu n’en feras rien mon frère, répondit Raphaël dont le regard s’était durci en deux blocs de granite. Tu n’as pas autorité pour décider qui est affecté à la protection de qui. Ça, c’est mon affaire. Je ne me suis jamais permis d’interférer auprès de tes factions sans ton accord. Et là, tu n’as pas mon accord pour interférer auprès des miennes. 

     

     

    Les deux archanges se faisaient face, aucun d’eux ne voulait céder. Gabriel s’interposa entre eux et reprit la parole :

     

    - Mais ce n’est pas raisonnable Raphaël… Michaël à raison, tu sais ce qui risque de se passer, si jamais…

    - Oui, je le sais parfaitement, et malgré vos réticences, il doit accomplir son destin, nous ne devons pas intervenir, nous ne devons pas le guider. Il doit faire ses propres choix. Et vous savez très bien tous les deux de quoi il retourne, quel sont les enjeux. Dois-je également vous rappeler que la décision ne nous appartient pas, et qu’Il en a décidé ainsi ?

     

     

    Raphaël se détourna de ses frères, puis s’éleva dans les airs dans sa position de méditation favorite. 

     

    - Je sens qu’on est en train de commettre une erreur irrémédiable et que ça engendrera une catastrophe sans précédent, grommela Mickaël.

    - J’espère bien que tu n’es pas en train de douter des décisions de Père... répondit tranquillement Raphaël.

    - Jamais il ne me viendrait à l’idée de contester Ses décisions, il est l’Éternel et nous, ses exécutants.

    -  De toute façon, ce ne sera pas la première fois que nous faisons face à des catastrophes de grandes envergures, et nous avons toujours pu rétablir l’Équilibre. Ayez confiance, lui répondit  Raphaël du haut de son perchoir.

    - Pas cette fois je le crains, mon frère, murmura Gabriel.

     

     

     

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