• -        -  Je n’arrive pas à croire que je sois en train de boire un café en compagnie de Lily ADAMS…

    -         - Oh, arrête ! Tu dis ça comme si je suis une célébrité, dit Lily en pouffant.

    -       - Non mais c’est vrai, c’est incroyable, avoue le. Qui aurait cru qu’après 13 ans, on se serait revus dans cette ville immense. Quelles étaient les probabilités ?

    -         - Je pense qu’elles étaient assez faibles en effet…

    -         - Tu crois que c’est le destin qui nous a réunis après tout ce temps ?

    -        -  Je n’en sais rien, mais je pense tout de même que rien n’arrive par hasard.

    -         - Je suis bien d’accord avec toi…

     

    Ils étaient assis à la terrasse d’un petit salon de thé du centre-ville. En cette fin d’après-midi, la température était douce et l’air embaumait de l’odeur sucrée des pralines que vendait un marchand ambulant non loin de là.

     

     

    -    - Alors ? Raconte-moi, qu’as-tu fait toutes ces années ?

    -    - Hé bien… Comme tu le sais, mon père a été muté à Windenburg et nous sommes parties le rejoindre, maman et moi, après la fin du collège. J’y ai fait le lycée et ensuite l’université où j’ai entrepris un cursus de droit. L’an dernier j’ai intégré un cabinet d’avocats assez côté et si je me débrouille bien, je pourrai devenir associée d’ici trois ans.  

    -    - Waw, je suis scotché, je me rappelle qu’au collège, tu étais toujours la première de la classe et regarde où tu en es !

    -    -  J’ai toujours voulu être avocate alors c’est un rêve devenu réalité répondit Lily en détournant le regard.

    -   -  Tes parents doivent être très fiers de toi, je me rappelle qu’ils te poussaient énormément dans cette voie. Je crois même que ton père me voyait comme celui qui te détournerait du droit chemin, dit Ethan en riant.

     

     

     

    Gênée, Lily ne partagea pas son hilarité et s’empressa de répondre pour qu’il ne remarque pas son malaise :

     

    -    -  Oui, je crois qu’ils sont fiers de moi. C’est ce qu’ils ont toujours voulu. Euh… et toi Ethan, que fais-tu dans la vie ?

    -    -   J’en profite figure toi.

    -    -   Comment ça ?

    --   - Je croque la vie et tout ce qu’elle a à offrir à pleine dent. Pour tout te dire, une fois mon diplôme universitaire en poche, et malgré la multitude de propositions d’embauche que j’ai pu recevoir, je me suis rendu compte que je n’avais pas du tout envie de m’enfermer dans un bureau, à ne jamais voir la lumière du soleil, à être constamment obligé de faire des courbettes à un patron moins intelligent que moi. Alors j’ai tout envoyé valser. Actuellement, je n’ai pas vraiment de travail fixe, je fais des heures dans un bar et dès qu’une opportunité se présente à moi, je la saisis. Je suis un électron libre, et ce que j’aime dans ma vie, c’est de pouvoir me lever un matin et de décider de repartir sur la route. Je vis un peu au jour le jour. Je ne fais pas vraiment de projets d’avenir. Je trouve que la vie est trop courte pour s’inquiéter de ce qui arrivera dans un mois, dans un an ou dans dix ans. Je préfère profiter de l’instant présent.

     

     

     

     - A ces mots, Lily ressenti un frisson, comme une sensation de déjà vu, un écho qui résonnait dans le lointain...

    -    - Ça a l’air tellement… merveilleux… répondit-elle troublée.

    -    -   Oui ça l’est, car je suis libre. C’est vrai que certains jours sont plus difficiles que d’autres financièrement parlant, mais je ne me laisse jamais abattre, je suis un homme plein de ressources.

    --  - Je vois ça.

     

    La joie de vivre que dégageait le jeune homme, renvoya Lily à sa propre situation. Un travail qu’elle faisait semblant d’adorer, mais qu’elle détestait en réalité. Une vie tristement banale dictée par les choix que ses parents avaient jadis faits pour elle. Mais ça elle ne lui avouerait jamais. Ethan la tira de ses réflexions en lui posant une question à laquelle elle ne s’attendait pas :

     

      -   - Et… hum… y a-t-il un Monsieur Lily dans ta vie ?

    -   -  Quoi ??? Non ! Je… non… je ne vois personne en ce moment… enfin depuis un bon moment déjà. J’ai eût quelques aventures, mais rien de sérieux et comme mon travail me prend beaucoup de temps, tu sais, alors il m’en reste peu pour les relations sentimentales.

    -    - Oh… quel dommage, tu es une femme tellement extraordinaire… C’est peut-être que tu n’as pas encore rencontré le bon.

    -     -  Je ne peux pas en dire autant de toi. Alors est-ce que vous avez déjà fixé la date de votre mariage Cassandre et toi ?

    -     - A vrai dire… Cassandre et moi… enfin… nous avons rompu il y a quelques jours.

     

    A ces mots, le cœur de Lily se mit à tambouriner comme un fou dans sa poitrine, mais elle ne laissa rien paraître :

     

    -    - Oh non… mais pourquoi ?

    -    - En fait, on n’était pas fiancés, j’ignore pourquoi elle t’a dit ça l’autre soir.

    -    -  Je suis vraiment désolée pour vous.

    -    - Pas moi. En réalité, je savais depuis quelque temps que je ne finirais pas ma vie avec elle. C’est une fille vraiment super, mais elle n’est pas pour moi, dit-il en souriant.

     

    Il avait dit cela en la regardant si intensément que Lily se mit à rougir. Le sourire d’Ethan s’élargit encore quand il remarqua son trouble. Elle était tellement belle et en sa présence il se sentait si bien. Leurs regards se croisèrent dans ce genre d’instant d’éternité où plus rien n’existe. Tout se cristallisa.

     

     

     

    Ce fut à ce moment précis qu’il comprit qu’il avait retrouvé sa meilleure amie, sa moitié. La personne à qui il était destiné. Il n’arrivait pas à détacher son regard d’elle et il en eut la certitude pleine et entière.

    Jamais il n’avait cessé de l’aimer, malgré le temps passé, malgré la distance, malgré les aléas de la vie. C’était une évidence, elle était son tout, la part manquante de son existence et pour elle, il serait prêt à tout donner.

     

     

    (…)

     

    - -   -  Ethan, il faut que je t’avoue quelque chose…

     

    Assise au bord du lit, Lily tortillait nerveusement une mèche de cheveux autour de son doigt. Un an s’était écoulé depuis qu’ils s’étaient retrouvés et ils ne s’étaient plus quittés depuis. Leur relation semblait couler de source, tout était si simple, si évident et à chaque fois qu’ils devaient se séparer, c’était un déchirement pour l’un comme pour l’autre. Ce soir-là, marquait l’anniversaire de leurs retrouvailles et Ethan avait planifié une soirée tout en romantisme. Ils avaient dîné très tôt dans le restaurant préféré de la jeune femme, puis profitant de la chaleur estivale, ils avaient fait une balade en barque sur le lac. Tout était magnifique et Lily se sentait sur un petit nuage jusqu’à ce qu’il lui annonce qu’il avait réservé la plus belle suite de l’un des hôtels les plus chics de la ville. A ce moment-là, elle avait senti la panique l’envahir mais n’avait pas émis d’objections à la suite du programme.

     

     

     

     

     

    Pourtant, à cet instant précis, elle n’en menait pas large. Comment allait-il réagir à ce qu’elle allait lui annoncer ? Ce secret qu’elle n’avait jamais révélé à personne de peur d’être moquée, même pas à Julie sa meilleure amie. Et pourtant, elle allait devoir le partager avec lui, pour le bien de leur relation. Alors oui, Ethan laissait les choses aller à leur rythme et ne s’était jamais montré impatient à son encontre. Et bien sûr, elle était consciente qu’il brûlait de désir pour elle et qu’il attendait le bon moment, mais comment aborder cette question délicate ?

     

    Elle se mordillait nerveusement la lèvre inférieure, consciente de son regard interrogateur posé sur elle, attendant qu’elle se lance à l’eau :

     

    -     -  Je ne sais pas comment te le dire… reprit-elle

    -     - Est-ce que ça à un rapport avec notre présence dans cette chambre d’hôtel, ce soir ?

    -     - Euuuh… oui, répondit-elle doucement.

    -     - Je crois que j’ai compris ce dont tu veux me parler…

     

    Il se rapprocha d’elle et lui massa doucement la nuque pour la détendre :

     

    -   -  Lily, je n’ai pas concocté cette soirée spécialement pour coucher avec toi. Ce n’est pas ce que j’attends. Il y a longtemps que j’ai compris que tu n’avais jamais eût de relations sexuelles avec un homme. La façon si adorable que tu as de rougir en détournant le regard quand nos conversations prennent un tour trop intime, les réactions de ton corps quand tu es dans mes bras, et ces mille petites choses qui te semblent anodines, mais qui m’ont mis la puce à l’oreille. Tu peux dissimuler tes secrets à qui tu veux, mais tu ne peux pas faire semblant avec moi. Tes yeux parlent pour toi, dit-il en souriant.

    -    - Je suis si transparente que ça ? dit-elle en devenant écarlate

    -    - Avec moi en tout cas, oui. Je peux lire en toi comme dans un livre ouvert et je sais que c’est réciproque, je ne peux rien te cacher, tu devines toujours ce que j’ai dans la tête… (…) … hum, sauf ce soir, où ta peur a altéré ton jugement sur mes intentions, rigola-t-il.

    -    - Il semblerait… soupira-t-elle

    -     - Ecoute… jamais je ne te forcerai à faire ce dont tu n’as pas envie, j’irai toujours à ton rythme.

    -        - Je le sais… et pour tout te dire, ce n’est pas que je n’en ai pas envie, mais j’ai toujours imaginé que ma première fois se passerait dans un cadre idyllique, blottie dans des draps de soie, avec des bougies parfumées et tout le tralala. Cette première fois se passerait avec l’homme sans lequel je ne pourrais imaginer passer une seule seconde.

    -      -  Oh… d’accord… je vois… pour le cadre, on est exactement dans un endroit comme celui dont tu rêvais… donc je dois en conclure que je ne suis pas l’homme de tes rêves ?

    -    - Ethan… tu es plus que l’homme de mes rêves. Jamais je n’aurais imaginé qu’une relation comme la nôtre pouvait exister. Je t’aime tellement que s’en est effrayant. (…) Et oui, j’ai envie de toi, ajouta-t-elle doucement en rougissant de plus belle.

    -    - Alors qu’est-ce qui ne va pas ?

    -    - En fait, tu vas rire… Je me rends compte que ma première fois idéale, serait avec toi, dans la forêt, allongés tous les deux sur une nappe à carreaux rouge et blanc. Abrités par le feuillage des arbres, le doux murmure d’un ruisseau non loin nous bercerait et nous serions seuls au monde, répondit Lily d’un ton rêveur.

     

     

     

    Ethan la regarda interloqué, mais ne répondit pas. Elle se leva, un peu gênée par ces confidences, et observa le paysage par la fenêtre :

     

    -   - Si tu savais à quel point je suis heureuse de t’avoir retrouvé, dit-elle doucement, mais j’ai l’impression que je vais me réveiller et que tout ça n’aura été qu’un rêve.

     

    A cet instant, en contemplant son beau profil éclairé par la lune, le jeune homme eut l’impression d’avoir déjà vécu une scène similaire, et se passa la main dans les cheveux.

     

     

    Encore cette sensation étrange… 

     

    -   - Ecoute... il est clair que ce n’est pas le bon moment, ni pour toi, ni pour moi. Je veux juste que nous profitions de cette soirée spéciale sans nous mettre de pression. Allez, viens là.

     

    Il l’attira à lui, et elle vint se blottir dans ses bras, tandis qu’il posait ses lèvres sur le sommet de sa tête.

     

     

     

    ***Lily… cette scène… exactement celle que tu viens de me décrire… comment te dire, sans que tu me prennes pour un fou, que j’en ai rêvé, presque chaque nuit depuis qu’on s’est retrouvés.***

     

     

    Troublé, Ethan serra fort la jeune femme contre lui, comme s’il craignait qu’elle disparaisse tout à coup.

     

    (…)

     

     

     ********************

     

     

     

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